07. La pêche professionnelle au Léman (4/5)


4. La grève des ouvriers bateliers de mars 1894 a permis d'obtenir une augmentation d'un franc par homme et par voyage quelle que soit la longueur du parcours. Une nouvelle grève en juillet 1895 oblige les patrons à payer l'assurance des ouvriers, ce qui représente une augmentation de 0,60 F par homme et par voyage. Le syndicat accorde aussi des subsides à ceux de ses membres qui se trouvent dans le besoin par suite de maladie ou d'accident.
Dans la logique des idées en cours, le syndicat professionnel des pêcheurs français du lac Léman est constitué le 22 mars 1896 à Rives-Thonon sous la présidence de Gaspard Moille. Son existence est de courte durée: le défaut d'entente et le non paiement des cotisations entraînent sa dissolution en avril 1898. Sans doute, les pêcheurs savoyards n'étaient-ils pas encore mûrs pour admettre l'intérêt d'un syndicat et surtout de limiter quelque peu leur individualisme traditionnel ?
En 1902, le syndicat est remis sur rail. Dorénavant, il devient un interlocuteur incontournable, dont il faudra tenir compte, lors de toutes les négociations sur la pêche. Ce rôle, le syndicat le tiendra avec courage, ténacité et compétence tout au long du XX° siècle.
Le XX siècle est profondément marqué par deux guerres qui apporteront le malheur dans beaucoup de familles de pêcheurs en Savoie. Le pêcheur suisse subira lui aussi de gros soucis économiques durant ces périodes. En 1918, l'existence même de sa profession est menacée par une motion du socialiste Poyet qui vise à interdire la pêche avec le grand filet et la monte, motion appuyée voire suggérée par la toute récente société des pêcheurs amateurs du Léman. Cette motion sera définitivement rejetée en 1919.
Dans les années 1930, l'apparition des premiers moteurs réduiront nettement les heures de rames; 25 ans plus tard, ceux avec ralenti apporteront du confort, permettront de pêcher seul et supprimeront les compagnons. Toujours dans les années 1950, les filets de nylon vont libérer les pêcheurs du travail d'entretien, long et fastidieux, que nécessitait le filet en coton. Par ailleurs, moins visible, il pêche mieux, tant de jour que de nuit.