C’est à Paris, au 22 de la rue de la Tour-Maubourg, qu'est née le 15 novembre 1876, la princesse Anna Elisabeth Bassaraba de Brancovan. Ses aïeux paternels avaient régné sur une province roumaine La Valachie.
Sa mère, célèbre pianiste d'origine crétoise, appartenait à la famille Musurus. Liée par une longue amitié avec le pianiste Paderewski, elle descendait de Marc Musurus, grand humaniste et ami d'Erasme. Anna était très fière de ses origines grecques qui agissaient sur elle, disait-elle, comme une terre nourricière.
Son enfance s'écoulera entre les beaux jardins d'Ile de France et sur les bords du Lac Léman. Cette enfance est pour elle l'illumination de sa vie. Cette joie immense de découvrir cette nature si abondante, généreuse et profonde.
"La petite ville d'Evian en Savoie ... est pour moi le lieu de tous les souvenirs. C'est là que j'ai dans mon enfance tout possédé et dans l'adolescence tout espéré."
Sa "prière païenne" prendra naissance à l'âge de 10 ans avec la disparition de son père qu'elle adorait. Elle eut un frère ainé Constantin et une sœur cadette Hélène devenue après son mariage Princesse Alexandre de Caraman-Chimay.
La jeune Anna de Brancovan se marie le 17 août 1897 avec le comte Mathieu de Noailles. De cette union naît un fils qui reçoit le prénom Anne-Jules celui de l'aïeul de son mari, le Maréchal de France.
En cette fin de siècle survient le scandale du Capitaine Dreyfus. Elle prend parti, s'enthousiasme et devient dreyfusarde de la première heure. Le verdict tombe dans l'après-midi du 9 septembre 1899 : coupable. Dans une lettre de Marcel Proust alors en convalescence à Evian à sa mère on apprend que "l'arrêt honteux" est affiché au Casino.
Elle publie son premier livre le 8 mai 1901 à l'âge de 25 ans: "Le Cœur Innombrable", succès considérable qui dépassera toutes les espérances de l'auteur. Le mot cœur si souvent invoqué dans le livre est cité quatre-vingt sept fois. Ensuite paraît "l'Ombre des Jours" (1902) où s'affronte l'obsession de l'amour et de la mort.
Ses lectures sont multiples: Corneille, Victor Hugo, Jean-Jacques Rousseau, Chateaubriand, Ronsard, etc. mais de tous les vivants Maurice Barres est le seul auteur à qui elle reconnaît une supériorité. Les trois volumes qui suivent sont des romans : "la Nouvelle Espérance" (1903), "Le Visage Emerveillé" (1904), "la Domination" (1905) qui est le journal d'une pseudo religieuse.
Puis viendra ensuite sous un tonnerre d'applaudissements "Les Eblouissements" (1907), écrit de 1903 à 1907 qui célébrera l'amour vrai.
Il faudra attendre six années de silence pour recevoir ce qui restera peut-être le chef-d'œuvre de l'auteur "Les Vivants et les Morts" (1913); ce livre marquera une étape capitale dans l'œuvre de Madame de Noailles. Il aura pas moins de six éditions successives. "Les Forces Eternelles" (1920), son huitième recueil, n'atteindra pas le succès du précédent. Puis viendra un roman "Les Innocentes ou la Sagesse des Femmes (1923)" qui est une suite d'historiettes psychologiques sur l'amour. Elle obtiendra pour ce livre le prix de littérature à l'Académie Française.
"Poèmes de l'Amour" (1924) où l'on trouve 175 poèmes qui résument un amour mal vécu, sont inspirés en grande partie de sa rencontre avec Maurice Chevalier (18881972) au Bouffes Parisiens dont Anna tombera amoureuse. François Mauriac dira à propos de ce livre "qu'il est une analyse impitoyable de l'amour".
Le 22 janvier 1922, elle est reçue à l'Académie Royale Belge de Langue et de Littérature Française. Elle prononcera ce jour-là un remarquable discours; ses plus belles pages en prose sont peut-être-là. "L'Honneur de Souffrir" (1927) et "Exactitudes" (1930) seront ses derniers livres.
Le 15 février 1931, elle est la première femme promue Commandeur de la Légion d'honneur. C'est Henri Bergson, qui remplacera Colette fatiguée, qui lui remit cette haute distinction sur proposition d'Aristide Briand.
"Le Livre de ma Vie" (1932) publié quelques mois avant sa mort et interrompu par la maladie est entièrement autobiographique.
"Petite fille née dans un milieu privilégié, j'ai goûté au paradis à Amphion, dans l'allée des platanes, étendant sur le Lac Léman une voûte de vertes feuilles, dans l'allée des rosiers où chaque arbuste arrondi et gonflé de roses, laissait choir ses pétales lassés sur une bordure de sombres héliotropes ".
Elle meurt le dimanche 30 avril 1933 à Paris à 13 h 30, entourée de son mari Mathieu de Noailles, de son fils Anne-Jules et de sa belle-fille. La Troisième République lui fait des funérailles officielles.
"J'écris pour que le jour où je ne serai plus On sache comme l'air et le plaisir m'ont plu, Et que mon livre porte à la foule future Comme j'aimais la vie et l'heureuse nature".
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Note 1 : Cette notice biographique est extraite du fascicule de présentation de l'exposition "Anna de Noailles, une femme poète du début du siècle", organisée il y a une dizaine d'années par la ville d'Evian
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Note 2 : Le lecteur trouvera dans mon blog http://autourduleman.blogspot.com/
un grand nombre de textes et de commentaires relatifs à la Comtesse de Noailles
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Sa mère, célèbre pianiste d'origine crétoise, appartenait à la famille Musurus. Liée par une longue amitié avec le pianiste Paderewski, elle descendait de Marc Musurus, grand humaniste et ami d'Erasme. Anna était très fière de ses origines grecques qui agissaient sur elle, disait-elle, comme une terre nourricière.
Son enfance s'écoulera entre les beaux jardins d'Ile de France et sur les bords du Lac Léman. Cette enfance est pour elle l'illumination de sa vie. Cette joie immense de découvrir cette nature si abondante, généreuse et profonde.
"La petite ville d'Evian en Savoie ... est pour moi le lieu de tous les souvenirs. C'est là que j'ai dans mon enfance tout possédé et dans l'adolescence tout espéré."
Sa "prière païenne" prendra naissance à l'âge de 10 ans avec la disparition de son père qu'elle adorait. Elle eut un frère ainé Constantin et une sœur cadette Hélène devenue après son mariage Princesse Alexandre de Caraman-Chimay.
La jeune Anna de Brancovan se marie le 17 août 1897 avec le comte Mathieu de Noailles. De cette union naît un fils qui reçoit le prénom Anne-Jules celui de l'aïeul de son mari, le Maréchal de France.
En cette fin de siècle survient le scandale du Capitaine Dreyfus. Elle prend parti, s'enthousiasme et devient dreyfusarde de la première heure. Le verdict tombe dans l'après-midi du 9 septembre 1899 : coupable. Dans une lettre de Marcel Proust alors en convalescence à Evian à sa mère on apprend que "l'arrêt honteux" est affiché au Casino.
Elle publie son premier livre le 8 mai 1901 à l'âge de 25 ans: "Le Cœur Innombrable", succès considérable qui dépassera toutes les espérances de l'auteur. Le mot cœur si souvent invoqué dans le livre est cité quatre-vingt sept fois. Ensuite paraît "l'Ombre des Jours" (1902) où s'affronte l'obsession de l'amour et de la mort.
Ses lectures sont multiples: Corneille, Victor Hugo, Jean-Jacques Rousseau, Chateaubriand, Ronsard, etc. mais de tous les vivants Maurice Barres est le seul auteur à qui elle reconnaît une supériorité. Les trois volumes qui suivent sont des romans : "la Nouvelle Espérance" (1903), "Le Visage Emerveillé" (1904), "la Domination" (1905) qui est le journal d'une pseudo religieuse.
Puis viendra ensuite sous un tonnerre d'applaudissements "Les Eblouissements" (1907), écrit de 1903 à 1907 qui célébrera l'amour vrai.
Il faudra attendre six années de silence pour recevoir ce qui restera peut-être le chef-d'œuvre de l'auteur "Les Vivants et les Morts" (1913); ce livre marquera une étape capitale dans l'œuvre de Madame de Noailles. Il aura pas moins de six éditions successives. "Les Forces Eternelles" (1920), son huitième recueil, n'atteindra pas le succès du précédent. Puis viendra un roman "Les Innocentes ou la Sagesse des Femmes (1923)" qui est une suite d'historiettes psychologiques sur l'amour. Elle obtiendra pour ce livre le prix de littérature à l'Académie Française.
"Poèmes de l'Amour" (1924) où l'on trouve 175 poèmes qui résument un amour mal vécu, sont inspirés en grande partie de sa rencontre avec Maurice Chevalier (18881972) au Bouffes Parisiens dont Anna tombera amoureuse. François Mauriac dira à propos de ce livre "qu'il est une analyse impitoyable de l'amour".
Le 22 janvier 1922, elle est reçue à l'Académie Royale Belge de Langue et de Littérature Française. Elle prononcera ce jour-là un remarquable discours; ses plus belles pages en prose sont peut-être-là. "L'Honneur de Souffrir" (1927) et "Exactitudes" (1930) seront ses derniers livres.
Le 15 février 1931, elle est la première femme promue Commandeur de la Légion d'honneur. C'est Henri Bergson, qui remplacera Colette fatiguée, qui lui remit cette haute distinction sur proposition d'Aristide Briand.
"Le Livre de ma Vie" (1932) publié quelques mois avant sa mort et interrompu par la maladie est entièrement autobiographique.
"Petite fille née dans un milieu privilégié, j'ai goûté au paradis à Amphion, dans l'allée des platanes, étendant sur le Lac Léman une voûte de vertes feuilles, dans l'allée des rosiers où chaque arbuste arrondi et gonflé de roses, laissait choir ses pétales lassés sur une bordure de sombres héliotropes ".
Elle meurt le dimanche 30 avril 1933 à Paris à 13 h 30, entourée de son mari Mathieu de Noailles, de son fils Anne-Jules et de sa belle-fille. La Troisième République lui fait des funérailles officielles.
"J'écris pour que le jour où je ne serai plus On sache comme l'air et le plaisir m'ont plu, Et que mon livre porte à la foule future Comme j'aimais la vie et l'heureuse nature".
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Note 1 : Cette notice biographique est extraite du fascicule de présentation de l'exposition "Anna de Noailles, une femme poète du début du siècle", organisée il y a une dizaine d'années par la ville d'Evian
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Note 2 : Le lecteur trouvera dans mon blog http://autourduleman.blogspot.com/
un grand nombre de textes et de commentaires relatifs à la Comtesse de Noailles
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